Interview : Rendez-vous privé avec ... Yoann Bonato

Il s’agit de notre premier rendez-vous privé et il est inauguré aujourd’hui par le pilote de rallye double champion de FranceYoann Bonato !

Yoann est à la fois pilote professionnel pour le Team CHL Sport Auto au volant d’une superbe Citroën C3 R5 mais il est aussi moniteur de ski l’hiver en intersaison.

Cette interview fait intervenir Yoann BONATO et Cyril LE ​ROUX, directeur marketing de Chopard Groupe Automobile.

De retour dans le baquet

Cyril LE ROUX : Yoann, bienvenue dans notre rendez-vous privé du Groupe Chopard Automobile.

Yoann BONATO : Bonjour, merci de me recevoir.

C : Tout d’abord merci d’avoir accepté notre invitation. Vous inaugurez notre première formule du rendez-vous privé. Comme tous les Français, vous êtes sorti du confinement le 11 mai et une semaine après vous étiez déjà le baquet de votre belle Citroën C3 pour des essais pneus avec Michelin. Vous pouvez nous en dire plus ?

Y : Alors oui, on a pu rouler en essai pour continuer le développement de la nouvelle gamme pneumatique qui va sortir en fin d’année ou en début d’année prochaine à cause du retard pris pendant le confinement. Michelin a repris le travail dès la fin du confinement ce qui nous a permis de vite reprendre le volant.

Un calendrier des championnats chamboulé

C : Pour vous le programme 2020 était particulièrement chargé cette année puisqu’il y avait le championnat de France prévu puis vous aviez quelques rallyes en WRC2. Vous avez d’ailleurs commencé la saison avec une première victoire au Touquet puis vous deviez sillonner la planète jusqu’au Japon… Malheureusement l’Asie est une zone moins prisée depuis les récents événements. Avez-vous des perspectives sur ce que vous pouvez garder dans votre agenda 2020 ou est-ce encore trop tôt pour vous ?

Y : On a quelques perspectives mais aussi quelques interrogations. Dans le cadre du championnat de France il y a d’ores-et-déjà 3 manches qui ont été annulées et 1 qui a été reportée (ndlr : championnat en 9 manches). En championnat du monde, nous avons le rallye du Portugal qui a été annulé. Le rallye de Sardaigne devrait être reporté mais compte tenu de la condensation du calendrier ce sera compliqué de tout cumuler. Le rallye d’Allemagne se déroulera en même temps que le Rallye d’Antibes ce qui ne nous permettra pas de participer au rallye d’Allemagne. Mais le Japon est toujours d’actualité et a l’air de se maintenir au vu de sa place dans le calendrier en fin d’année.

C : Très bien ! Donc on ne perd pas tout et heureusement vous restez dans le coup. On aura peut-être le plaisir de se rencontrer sur le Rallye d’Antibes où nous avons des concessions Citroën.

Une aubaine pour l'e-sport

C : Pour patienter et se tenir en forme pendant le confinement, nous avons vu des pilotes de Formule 1, des pilotes de rallye, des pilotes d’indycar… qui s’entraînaient à faire des courses en « e-courses », en réseau. Est-ce que ça a été votre cas ?

Y : Alors non, moi j’ai une occupation bien plus importante que le e-sport, c’est de m’occuper de mon petit et ça, ça empêche beaucoup de choses à côté. Mais bon c’est un bonheur. En tous cas, non je n’ai pas eu l’occasion de participer à des courses en e-sport ; je n’ai pas de simulateur à la maison. Je me suis fait un bon entrainement physique et une bonne préparation physique.

C : En entraînement physique, étant donné que vous habitez à la montagne, je pense que c’était un peu plus facile que si vous étiez confiné dans une grande ville de France ?

Y : Oui bien sûr ! Nous en 1 kilomètre on peut faire beaucoup de choses en montagne donc ça m’a permis de bien m’entraîner et de continuer le sport pour garder un pied dans la motivation qui est importante dans ces moments où l’on attend.

L'e-sport, une porte d'entrée pour les sports automobiles ?

C : Pour en revenir au e-sport, quand on voit aujourd’hui que sur les plateformes de streaming (YouTube, Twitch…), qui retransmettent en direct ces courses, cela attire des centaines de milliers de spectateurs (ndlr : à l’échelle mondiale), est-ce que ça vous inspire quand même ?

Y : En effet, je trouve que ça commence à avoir sa place, en tout cas dans notre activité bien que cela puisse paraître bizarre puisque ce sont des courses virtuelles mais bon il y a un engouement pour l’e-sport en général. De plus, il y a pas mal de gens qui regardent donc oui c’est forcément quelque chose auquel on doit s’intéresser.

C : Est-ce que vous pensez que ces courses en réseau sont le prolongement de ce que vous vivez dans votre baquet le week-end et que ça contribuera en même temps à donner une nouvelle dynamique au rallye en général ? On peut se dire que ceux qui sont sur les plateformes de streaming se disent « tiens, Yoann est en train de jouer, est-ce que je ne peux pas aller le voir directement sur les pistes ? ».

Y : Je pense que c’est très bien dans le sens où le sport automobile est très onéreux, il ne faut pas se le cacher et il n’est pas accessible à tous alors que l’e-sport sera accessible à un beaucoup plus grand nombre. Cela permettra aux pilotes virtuels de voir ce que l’on fait dans la réalité. Cela pourrait créer des vocations et ça peut donner envie de suivre un petit peu plus les actualités « réelles » sportives.

C : Et puis les jeunes générations qui sont au volant de leur manette et qui auront participé à des rallyes virtuels auront peut-être l’envie de voir réellement comment ça se déroule réellement sur un vrai rallye.

Y : Mais ça sert à rien qu’ils ramènent leur manette parce que même s’ils appuient sur la croix ou le carré ça ne changera ma façon de faire.

Découverte de la C3 R5

C : Revenons à la réalité ! Citroën est une marque phare pour le groupe Chopard puisque nous sommes présents sur les villes de Troyes, Dole, Beaune, Nice, Antibes, Cannes et Gap. Vous, vous pilotez une Citroën C3 R5 qui vous a propulsé sur les plus hautes marches des podiums, est-ce que vous pouvez nous parler de votre C3 R5 que vous pilotez actuellement ?

Y : Alors notre C3 R5 elle a tout de ce qu’il y a dans le commerce en un petit peu plus évolué. La plus grosse différence c’est qu’elle est dotée de 4 roues motrices contre 2 pour la C3 de série. Le bloc moteur est d’origine, elle a une boite à 5 rapports et bien sûr tous les équipements de sécurité à l’intérieur. Elle a aussi des trains roulants un peu plus larges et des plus gros freins. Le rallye a la particularité dans sa réglementation de garder tous les aspects de la voiture d’origine ce qui fait que la C3 R5 est très proche d’une C3 de série.

C : Si vous deviez parler de la C3 à un client, vous lui diriez quoi ?

Y : La C3 ça gagne !

Bientôt des rallyes en voiture électrique ?

C : Aujourd’hui on voit bien que l’automobile est en train de prendre un grand virage, celui de l’électrification, Citroën commercialise d’ores-et-déjà le C5 Aircross en version hybride rechargeable et bientôt toute la gamme va s’électrifier ou pourra proposer des alternatives 100% électriques. Le sport automobile prend ce virage-là et on le voit bien dans la famille PSA avec notamment DS Automobiles qui court en Formule E, des Formule 1 100% électriques (ndlr : DS Automobiles est double champion du monde). La technologie est très bien maîtrisée par PSA aujourd’hui, mais on ne parle pas encore de rallye électrique, est-ce que ça va venir ?

Y : Si si ! Dans le groupe PSA il y a un projet de course entièrement électrique en rallye. Aujourd’hui la discipline dans laquelle on est, elle est extrêmement exigeante pour les véhicules électriques d’un point de vue endurance mais il y a un gros travail qui est fait là-dessus et ça fera avancer le commerce et la série dans cette voie électrifiée.

C : Vous participez aux échanges avec la marque à ce sujet ?

Y : Oui on participe pas mal aux échanges avec la marque. Pour le moment il n’y a pas eu de roulage mais je pense qu’on participera dès que les roulages seront disponibles et que les voitures seront prêtes.

C : Donc ça veut dire qu’on peut envisager, un jour, Yoann Bonato champion de France en C3 électrique ?

Y : Je ne pense pas que ça sera demain mais je pense que dans l’avenir, forcément on y viendra, c’est la tendance actuelle et il faut suivre le rythme que prend la planète.

Conclusion

C : On va conclure ce rendez-vous Yoann. Je vais vous poser 3 questions. Vous devez répondre spontanément ! Je rappelle que vous êtes pilote de rallye automobile et moniteur de ski à l’ESF en hiver. Si je vous demande votre préférence entre Bode Miller (champion du monde de ski alpin en 2005 et 2008 et médaille d’or olympique en 2010) et Marcus Grönholm (champion du monde de rallye en 2000 et 2002), vous répondez quoi ?

Y : Marcus Miller !

C : La neige sur la piste des Deux Alpes ou sur la spéciale du Turini (ndlr : épreuve du Rallye Monte-Carlo) ?

Y : Ah c’est quand même beaucoup plus facile aux Deux Alpes sur les skis que sur la route en slicks (ndlr : pneu de course complètement lisse – très mauvaise adhérence sur sol mouillé ou enneigé) … Donc les Deux Alpes.

C : Avec les pneus Michelin qui sont au top, je pense que ça sera super facile aussi sur la route du Turini.

Y : Ouais… mais le problème c’est qu’on n’a jamais la bonne monte (ndlr : de pneus) sur le Turini. La difficulté dans l’arrière-pays Niçois c’est que, quand on enchaîne les spéciales, on a toujours 80% de route sèche et 20% glacée donc on est obligé de rouler en pneu slick et je vous garantis qu’en slick, en descente, et sur la glace on ne rigole pas ! On est bien mieux avec de bons quarts et de bons skis sous les pieds.

C : Et si je vous dis Rallye du Var ou Rallye du Mont-Blanc ?

Y : Rallye du Mont-Blanc.

C : Merci beaucoup Yoann pour ce rendez-vous privé. On vous souhaite tous nos vœux de succès pour la suite de la saison en espérant que le programme à venir ne soit pas plus perturbé qu’il ne l’a été. Nous serons avec vous et le Team CHL Sport Auto pour que vous puissiez gravir à nouveau les sommets des podiums sur les rallyes. Merci beaucoup pour cet entretien, à bientôt !

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